Mieulx le mal que le remède

Michel Lambert (1610 - 29 giugno 1696): D’un feu secret je me sens consommer, air de cour (pubblicato in Airs à une, II. III. et IV. parties avec la basse-continue, 1689, p. 53). Les Arts Florissants, dir. William Christie.

D’un feu secret je me sens consommer
Sans pouvoir soulager le mal qui me possède;
Je pourrois bien guérir si je cessois d’aymer,
Mais j’ayme mieux le mal que le remède.
Quand je mourrois, pourroit-on me blasmer?
Qui commence d’ayme, ne doit-il pas poursuivre?
Quand on sçaura, Philis, que j’ay cessé d’aymer,
On sçaura bien que j’ay cessé de vivre.

L’uomo che piaceva troppo

 
Michel Pignolet de Montéclair (1667 - 22 settembre 1737): La mort de Didon, cantata per soprano, archi e basso continuo (c1709). Agnes Mellon, soprano; Les Arts Florissants, dir. William Christie.

I. Lent, marqué et détaché

«Je ne verrai donc plus Enée!»
S’écria tristement Didon abandonnée,
«Il est donc vrai qu’il part?
Il fuit loin de ces bords,
Dieux que j’étois crédule!
Ô Dieux qu’il est perfide!
L’inconstant plus leger que le vent qui le guide
Me quitte sans regrets, me trahit sans remords.

II. Air lent

«O Toi, Déesse de Cithère,
Tendre Vénus, es-tu la mère
De l’ingrat qui m’a su charmer?
Non, non, il ne sait pas aimer.
Helas! Helas! Helas!
Pourquoi sait-il trop plaire?

III. Récitatif

«Infidèle, pourquoi quittez-vous ce rivage?
Les plaisirs et les jeux y voloient sur vos pas!
Pourquoi vouloir régner dans de lointains climats
Quand ma main vous offroit le sceptre de Carthage?
Perfide amant, funeste jour!
Faut-il que je trouve un volage
Dans le frère du tendre Amour?

IV. Vivement

Tirans de l’empire de l’Onde,
Grondez. Volez, vents furieux.
Élevez les flots jusqu’aux cieux!
Que tout l’Univers se confonde!
Tonnez, vengez mes feux trahis!
Justes Dieux, vengez mon injure!
Tonnez, embrasez un parjure
Dans le sein même de Thétis!

V. Récitatif

«Non, arretez.
Grands Dieux, gardez vous d’exaucer
Mon courroux légitime!
Laissez moi choisir ma victime:
Énée est dans mon cœur et je vais l’y percer.»
Sur un bûcher fatal, théâtre de sa rage,
Didon en ce moment se livre à la fureur.
Un fer, triste present que lui laisse un volage,
Un fer cruel lui perce enfin le cœur:
Mourante elle tombe, et son âme
Chérit encore l’ingrat qu’elle n’a pu toucher;
Elle expire sur le bûcher,
Le flambeau de l’Amour en alume la flamme.

VI. Air gai

Qu’il est dangereux
De se rendre aux vœux
D’un objet volage!
Un sensible cœur
Risque son bonheur
Le jour qu’il s’engage.
Que les seuls plaisirs
Fixent nos désirs:
Evitons les peines!
Amour, si les jeux
N’en forment les nœuds,
Je brise mes chaînes.

La Mort de Didon

Il rondeau del calumet

Jean-Philippe Rameau (1683 - 1764): Rondeau des sauvages (« Forêts paisibles »), dall’ultimo atto dell’opéra-ballet Les Indes galantes (1735). Patricia Petibon, soprano (Zima); Nicolas Rivenq, baritono (Adario); Les Arts Florissants, dir. William Christie.


Lo stesso brano eseguito alla bersagliera, in concerto, dai Musiciens du Louvre diretti da Marc Minkowski, con i cantanti Magali Léger e Laurent Naouri.

Zima, Adario :

Forêts paisibles, forêts paisibles,
Jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs.
S’ils sont sensibles, s’ils sont sensibles,
Fortune, ce n’est pas au prix de tes faveurs.

Chœur des Sauvages :

Forêts paisibles, forêts paisibles,
Jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs.
S’ils sont sensibles, s’ils sont sensibles,
Fortune, ce n’est pas au prix de tes faveurs.

Zima, Adario :

Dans nos retraites, dans nos retraites,
Grandeur, ne viens jamais
Offrir tes faux attraits!
Ciel, ciel, tu les as faites,
Pour l’innocence et pour la paix.

Chœur des Sauvages :

Forêts paisibles, forêts paisibles,
Jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs.
S’ils sont sensibles, s’ils sont sensibles,
Fortune, ce n’est pas au prix de tes faveurs.

Zima, Adario :

Jouissons dans nos asiles,
Jouissons des biens tranquilles!
Ah! peut-on être heureux,
Quand on forme d’autres vœux?

Chœur des Sauvages :

Forêts paisibles, forêts paisibles,
Jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs.
S’ils sont sensibles, s’ils sont sensibles,
Fortune, ce n’est pas au prix de tes faveurs.


Rameau: Les Sauvages, rondeau (dalla raccolta Nouvelles suites de pièces de clavecin, 1727). Grigorij Sokolov, pianoforte.