…et des châtaignes aussi

Anonimo: Mort et convoi de l’invincible Malbrough, ovvero Malbrough s’en va-t-en guerre. Le Poème Harmonique, dir. Vincent Dumestre.

Malbrough s’en va-t-en guerre,
    mironton, mironton, mirontaine,
Malbrough s’en va-t-en guerre,
Ne sait quand reviendra.

Il reviendra-z-à Pâques,
ou à la Trinité.

La Trinité se passe,
Malbrough ne revient pas.

Madame à sa tour monte
si haut qu’elle peut monter.

Elle voit venir son page,
tout de noir habillé.

Beau page, ah!, mon beau page,
quell’ nouvell’ apportez?

Aux nouvelles que j’apporte,
vos beaux yeux vont pleurer!

[Quittez vos habits roses,
et vos satins brodés!

Prenez la robe noire
et les souliers cirés.
]

Monsieur Malbrough est mort,
est mort et enterré.

L’ai vu porter en terre,
par quatre-z-officiers.

L’un portait sa cuirasse
l’autre son bouclier.

L’autre portait son grand sabre,
et l’autre ne portait rien.

A l’entour de sa tombe,
romarins l’on planta.

[Sur la plus haute branche
un rossignol chantait.
]

On vit voler son âme
au travers des lauriers.

Chacun mit ventre à terre
et puis se releva

pour chanter les victoires
que Malbrough remporta.

La cérémonie faite,
chacun s’en fut coucher.

Les uns avec leurs femmes,
et les autres tout seuls!

Ce n’est pas qu’il en manque,
car j’en connais beaucoup

des blondes et des brunes
et des châtaignes aussi.

J’ n’en dis pas davantage,
car en voilà-z-assez.


Fernando Sor (13 febbraio 1778 - 1839): Introduction et variations sur l’air Malbroug op. 28 (1827). Anders Miolin, chitarra.

Non parlatemi più d’amore

Pierre Guédron (c1566 - c1620): Qu’on ne me parle plus d’amour, air de ballet (air de cour) tratto dal Ballet des inconstants (1608). Le Poème Harmonique, dir. Vincent Dumestre.

Qu’on ne me parle plus d’amour,
L’inconstance règne à la Cour,
Ô Dieux punissez ces âmes volages,
Ô Dieux punissez ces légers amoureux.

Ces amants pour nous décevoir
Jurent Amour et son pouvoir:
Ô Dieux punissez ces âmes parjures,
Ô Dieux punissez ces légers amoureux.

Ils n’ont de la fidélité
Sinon pour la déloyauté:
Ô Dieux punissez ces cœurs infidèles,
Ô Dieux que n’ont-ils leurs cœurs dans les yeux.

Ils feignent plus de passion
Lorsqu’ils ont moins d’affection:
Ô Dieux punissez ces cœurs infidèles,
Ô Dieux punissez ces légers amoureux.

La foi de ces esprits moqueurs
Fuit par leurs bouches de leurs cœurs:
Ô Dieux punissez ces cœurs infidèles,
Ô Dieux punissez ces légers amoureux.

gallica

Ho visto il lupo

Anonimo: J’ai vu le loup, le renard, le lièvre, chanson tradizionale francese (versione borgognona). Le Poème Harmonique, dir. Vincent Dumestre.
Le origini di questa chanson, una parodia del Dies irae, risalgono probabilmente al Quattrocento.

C’est dans neuf ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard cheuler.
C’est dans neuf ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard cheuler.

J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
J’ai vu le loup, le renard cheuler,
C’est moi-même qui les ai rebeuillés,
J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai rebeuillés,
J’ai vu le loup, le renard cheuler.

C’est dans huit ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard cheuler.
C’est dans huit ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard cheuler.

J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
J’ai vu le loup, le renard cheuler,
C’est moi-même qui les ai rebeuillés,
J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai rebeuillés,
J’ai vu le loup, le renard cheuler.

C’est dans sept ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard cheuler,
C’est dans sept ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard cheuler.

J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
J’ai vu le loup, le renard cheuler,
C’est moi-même qui les ai rebeuillés,
J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai rebeuillés,
J’ai vu le loup, le renard cheuler.

C’est dans six ans je m’en irai,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.
C’est dans six ans je m’en irai,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.

J’ai ouï le loup, le renard, le lièvre,
J’ai ouï le loup, le renard chanter,
C’est moi-même qui les ai rechignés,
J’ai ouï le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai rechignés,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.

C’est dans cinq ans je m’en irai,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.
C’est dans cinq ans je m’en irai,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.

J’ai ouï le loup, le renard, le lièvre,
J’ai ouï le loup, le renard chanter,
C’est moi-même qui les ai rechignés,
J’ai ouï le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai rechignés,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.

C’est dans quatre ans je m’en irai,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.
C’est dans quatre ans je m’en irai,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.

J’ai ouï le loup, le renard, le lièvre,
J’ai ouï le loup, le renard chanter,
C’est moi-même qui les ai rechignés,
J’ai ouï le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai rechignés,
J’ai ouï le loup, le renard chanter.

C’est dans trois ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard danser.
C’est dans trois ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard danser.

J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
J’ai vu le loup, le renard danser,
C’est moi-même qui les ai revirés,
J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai revirés,
J’ai vu le loup, le renard danser.

C’est dans deux ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard danser.
C’est dans deux ans je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard danser.

J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
J’ai vu le loup, le renard danser,
C’est moi-même qui les ai revirés,
J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai revirés,
J’ai vu le loup, le renard danser.

C’est dans un an je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard danser.
C’est dans un an je m’en irai,
J’ai vu le loup, le renard danser.

J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
J’ai vu le loup, le renard danser,
C’est moi-même qui les ai revirés,
J’ai vu le loup, le renard, le lièvre,
C’est moi-même qui les ai revirés,
J’ai vu le loup, le renard danser.


Una notte di cinque anni fa, mentre salivamo il sentiero che passa vicino a casa per l’ultima passeggiata prima di andare a nanna, Puck e io vedemmo il lupo. Era un grosso lupo nero che viveva da solo nei boschi là intorno; l’avevamo già incontrato in altre occasioni negli anni precedenti, ma mai eravamo stati così vicini. Poco prima della sua comparsa Puck si era irrigidito fiutando l’aria e fissando un punto dove il sentiero passa fra vecchie case disabitate: da lì pochi istanti dopo arrivò di gran carriera il lupo. Puck fu molto coraggioso: prima che io potessi fare un gesto qualsiasi l’aveva già messo in fuga. Per fortuna, nessuno si è fatto male.


2019.15

Una malmaritata

Anonimo (sec. XVIII): N’èran tres fraires, canzone tradizionale diffusa nella Francia meridionale e in Piemonte; questa è la versione guascone, interpretata dall’ensemble Le Poème Harmonique diretto da Vincent Dumestre.

N’èran tres fraires
N’an qu’ua sòr a maridar.
L’an maridada
Au mei maishant deu vesiat.
L’a tant batuda
Dab un baston de verd pomèr.

L’a tant batuda
Dab un baston de verd pomèr,
Que l’a sacrada
De la tèsta dinc a son pè.
Sa camiseta
A l’aigueta se’n va lavar.

Mentre que lava,
Tres chivalièrs van arribar.
Hòu, la sirventa!
On ei la dauna deu castèth?
Soi pas sirventa,
Mès soi la dauna deu castèth.

Soi pas sirventa,
Mès soi la dauna deu castèth
Ditz, ma soreta,
Qui t’a mes dins aqueth estat.
Aquò’s, mon fraire,
Lo marit que m’avetz balhat.

Aquò’s, mon fraire,
Lo marit que m’avetz balhat.
E donc lo fraire
De cramba en cramba l’a cercat.
D’un còp d’espada,
la tèsta au maishant a copat.

Erano tre fratelli,
Avevano un’unica sorella da dare in sposa.
L’hanno data in sposa
Al più cattivo del circondario.
Molto l’ha picchiata
Con un ramo di melo verde.

Tanto l’ha picchiata
Con un ramo di melo verde
Che l’ha martoriata
Dalla testa fino ai piedi.
La sua camicetta
Al rio va a lavare.

Mentre lava
Arrivano tre cavalieri.
Ehilà, serva!
Dov’è la signora del castello?
Non sono una serva,
Sono io la signora del castello.

Non sono una serva,
Sono io la signora del castello.
Dimmi, sorellina,
Chi ti ha ridotta in queste condizioni?
È stato, mio caro fratello,
Il marito che mi avete dato.

È stato, mio caro fratello,
Il marito che mi avete dato.
Allora il fratello
Di stanza in stanza l’ha cercato.
D’un colpo di spada
La testa al cattivo ha tagliato.

Laudamus

Michel-Richard Delalande (15 dicembre 1657 - 1726): Te Deum, grand motet per soli, coro e orchestra S.32 (1684). Emmanuelle de Negri e Dagmar Šaškova, soprani; Sean Clayton, haute-contre; Cyril Auvity, tenore; André Morsch, basso; Le Poème Harmo­nique e Ensemble Aedes, dir. Vincent Dumestre.

  1. Te Deum laudamus
  2. Te aeternum Patrem [2:12]
  3. Tibi omnes angeli [3:21]
  4. Sanctus, Sanctus, Sanctus [5:07]
  5. Te gloriosus Apostolorum [6:42]
  6. Te per orbem terrarum [9:12]
  7. Tu rex gloriae [10:35]
  8. Tu, ad liberandum [12:54]
  9. Tu, devicto mortis aculeo [15:14]
  10. Tu ad dexteram Dei sedes [18:02]
  11. Te ergo quaesumus [19:28]
  12. Aeterna fac cum sanctis [21:10]
  13. Salvum fac populum tuum [23:00]
  14. Et rege eos [24:17]
  15. Per singulos dies benedicimus te [26:02]
  16. Dignare, Domine [28:18]
  17. Miserere nostri [29:33]
  18. In te, Domine, speravi [31:08]

Égal aux dieux

Antoine Boësset (1587 - 8 dicembre 1643): À la fin cette bergère, air de cour (1624). Le Poème harmonique, dir. Vincent Dumestre.

A la fin cette bergere
Sent les maux que j’ay soufferts,
Et sa foy jadis legere
Perd ce tiltre dans ses fers:
 Nous vivons soubs mesme loy
 Puis que je la tiens à moy.

Non, je n’ay plus cette crainte
Que j’avois par le passé:
Car Phillis se trouve attainte
De ce trait qui m’a blessé.

Mes feux ont produit sa flame
Qui me rend esgal aux dieux,
Et l’amour est dans son ame,
Qui n’estoit que dans ses yeux.

Mon amour recompensée
N’aura plus de desplaisir,
Nous n’avons qu’une pensée,
Qu’un vouloir, & qu’un desir.

Boesset

Come difendersi dalle miserie d’Amore

Antoine Boësset (1586 o 1587 - 1643): Nos esprits libres et contents, dal Ballet de la Reyne (1609). Le Poème harmonique, dir. Vincent Dumestre.

Nos esprits libres et contents
Vivent en ces doux passe-temps.
Et par de si chastes plaisirs,
Bannissent tous autres désirs.

La danse, la chasse et les bois,
Nous rendent exempts des lois
Et des misères dont l’Amour
Afflige les cœurs de la Cour.

[Et c’est plutôt avec cet art
Qu’avec la pointe de ce dard
Que cette troupe se défend
Des traits de ce cruel Enfant.]

Car en changeant toujours de lieu
Nous empêchons si bien ce Dieu,
Qu’il ne peut s’assurer des coups
Qu’il pense tirer contre nous.

Ainsi nous défendant de lui
Et passant nos jours sans ennui,
Nous essayons de lui ravir
La gloire de nous asservir.

Il est bien vrai qu’en nous sauvant,
Il nous va toujours poursuivant,
Et nous poursuit en tant de lieux,
Qu’en fin il entre dans nos yeux.

[Mais encore qu’on puisse penser
Qu’alors il nous doive offenser,
Pourtant nous n’avons point de peur
Qu’il nous puisse enflammer le cœur.

Car la neige de notre sein
Empêche si bien son dessein,
Qu’alors qu’il nous pense enflammer
Son feu ne se peut allumer.]

Nos esprits libres et contents
Vivent en ces doux passe-temps.
Et par de si chastes plaisirs,
Bannissent tous autres désirs.

Fanciulla di giorno, di notte bianca cerbiatta

Anonimo: La blanche biche (canto tradizionale diffuso fra Vandea e Normandia). Le Poème Har­monique, dir. Vincent Dumestre.

Celles qui vont au bois
C’est la mère et la fille;

La mère va chantant
Et la fille soupire.

«Qu’avez vous à soupirer,
Ma fille Marguerite?»

«J’ai bien grande ire en moi
Et n’ose vous le dire.

Je suis fille le jour
Et la nuit blanche biche;

La chasse est après moi,
Les barons et les princes.

Et mon frère Renaud
Qui est encore bien pire.

Qu’il arrête ses chiens
Jusqu’à demain ressie.»

«Où sont tes chiens, Renaud,
Et ta chasse gentille?»

«Ils sont dedans le bois
A courre blanche biche.»

«Arrête-les, Renaud,
Arrête, je t’en prie!»

Trois fois les a cornés
De son cornet de cuivre.

A la troisième fois
La blanche biche est prise.

Celui qui la dépouille
Dit «je ne sais que dire,

Elle a les cheveux blonds
Et le sein d’une fille!»

A tiré son couteau,
En quartiers il l’a mise.

En ont fait un dîner
Aux barons et aux princes.

«Nous voici tous ici
Faut ma sœur Marguerite.»

«Vous n’avez qu’à manger,
Suis la première assise.

Ma tête est dans le plat
Et mon cœur aux chevilles.

Mon sang est répandu
Par toute la cuisine.

Et sur vos noirs charbons
Mes pauvres os y grillent.»

Je vous attend dedans l’Enfer

Anonimo (regione francese, sec. XVII): Quand je menai mes chevaux boire, chanson tradizionale francese (bretone o normanna). Claire Lefilliâtre, soprano; Le Poème Harmonique, dir. Vincent Dumestre.

Quand je menai mes chevaux boire,
  ilaire, ilaire, itou, ilaire,
  ilaire, oh, ma Nanette,
Quand je menai mes chevaux boire
j’entendis le coucou chanter.

Il me disait dans son language:
Ta bien aimée vont l’enterrer.

Ah! que dis-tu, méchante bête,
j’étais près d’elle hier au soir.

Mais quand je fus dedans la lande
j’entendis les cloches sonner.

Mais quand je fus dedans l’église
j’entendis les prêtres chanter.

Donnai du pied dedans la chasse.
Réveillez-vous si vous dormez.

Non je ne dors ni ne sommeille:
je vous attend dedans l’Enfer.

Vois: ma bouche est pleine de terre
et la tienne est pleine d’amour.

Auprès de moi reste une place
et c’est pour toi qu’on l’a gardée.

Quand je menais